Ces jours derniers le concept du jeûne a été vilipendé et dénigré. Il est vrai que faire jeûner des cancéreux dénutris et cachectiques relèvent de l’inconscience. Heureusement les naturopathes en connaissent les contre-indications.
La pratique du jeûne et/ou de l’abstinence alimentaire remonte à la nuit des temps. On la connaît d’aussi loin que viennent les êtres vivants, c’est même une pratique naturelle chez les animaux. Jusqu’à nos jours, le jeûne (ou la restriction alimentaire) à des fins spirituelles fut de beaucoup le plus important, loi religieuse chez quasiment tous les peuples de l’Antiquité. Que ce soit par l’observation de certaines restrictions alimentaires, d’habitudes de tempérances ou de jeûne complet, la pratique exprimait une vertu sacrée.
L’Occident ne fut pas en reste avec Hildegarde Von Bingen (1098-1179). Cette religieuse bénédictine, dans son système de santé au naturel, recommandait comme une panacée de renoncer à la nourriture afin de traiter quarante maladies différentes.
Le jeûne, une thérapie ?
Dans notre société d’abondance, le jeûne apparaît souvent comme un remède miracle : nous mangeons trop, il nous faut expier.
En Suisse, en Allemagne, en Amérique du Nord, en Russie (Sibérie) les cliniques de jeûne se multiplient.
En Allemagne, la cure de jeûne est remboursée par la sécurité sociale, en Suisse par les mutuelles. En France, le jeûne était peu pratiqué. Aujourd’hui, on observe la création de centres labellisés « Jeune et Randonnée » avec des stages d’une semaine.
Un salutaire retour aux sources
C’est en fait l’impuissance de la médecine face à certains phénomènes pathologiques qui orienta vers d’autres voies les recherches de quelques hygiénistes, à la fois avisés et mécontents des piètres résultats obtenus par les procédés employés jusqu’alors. La science médicale s’était contentée de combattre la maladie dans ses manifestations multiples sans en rechercher les causes véritables. C’est ainsi qu’une savante pharmacopée, coûteuse et bien souvent médiocrement active, s’est lentement constituée sans pour cela résoudre ce problème de premier plan.
Si la médecine sait agir sur différentes pathologies particulièrement graves, elle ne sait pas vraiment gérer ce quotidien qui ne devrait pas nous amener à la maladie. Les médicaments qu’elle administre aggravent bien souvent l’état général de l’organisme qui s’épuise dans la lutte qu’il soutient contre les toxiques conjugués.
Seule la médecine occidentale résiste encore, même si c’est un fait scientifiquement avéré, le jeûne peut être une solution pour échapper à une fatalité : si nous vivons de plus en plus vieux, c’est pieds et poings liés aux béquilles chimiques fournies par l’industrie du médicament.
Dès aujourd’hui, restriction alimentaire, mise en acidose et jeûne commencent à accompagner nos comportements vis-à-vis de la nourriture et de la maladie. Il est enfin temps de penser autrement… même s’il est assez paradoxal, au pays de Descartes, de concevoir que lorsqu’on supprime de la nourriture à un organisme, il devient plus fort !
Purifier notre organisme
Le jeûne est un excellent moyen de détoxiner et de désintoxiquer l’organisme. Il permet de récupérer et de recharger son énergie vitale par une action de fond. Le jeûne nous permet à la fois de nous nettoyer, de recharger nos batteries et de disposer de plus d’énergie vitale, créatrice, affective, émotionnelle et spirituelle.
D’un point de vue biologique, le jeûne met notre système digestif au repos, dès lors que nous n’ingérons plus de nourriture solide. Notre organisme commence par en profiter pour « faire le ménage » en évacuant les toxines et les toxiques accumulés au fil des jours, des mois et des années par une alimentation inadéquate. Cette phase d’élimination, parfois pénible, peut durer plusieurs jours et occasionner divers troubles, dont une grande fatigue.
Le phénomène de désintoxication de notre organisme qui s’opère alors est généralement accompagné d’un sentiment de faim qui finit par s’estomper, en même temps que les inconforts. Ensuite, notre organisme, toujours au repos, en profite pour se régénérer et pour se renforcer.
Les personnes qui souffrent de maladies métaboliques (notamment une résistance à l’insuline…) et dégénératives doivent approcher le jeûne avec prudence, car la première phase, celle de l’élimination, amplifie certains mécanismes pathologiques
Jeûner pour rester jeune
En termes d’allongement de l’espérance de vie, la seule méthode qui ait vraiment fait ses preuves, chez les animaux en tout cas, est la restriction alimentaire. Chez le rat, le gain est de 50 % d’espérance de vie et de 30 % chez les primates, leur restriction calorique ayant débuté dès leur naissance. Les animaux sont en meilleure santé et paraissent plus jeunes que leur âge.
Les baleines et les tortues marines peuvent jeûner plusieurs mois et vivent 150 ans. Chez la souris, on a trouvé des effets positifs du jeûne sur les maladies neurodégénératives, comme Parkinson et Alzheimer.
Pour les primates, non seulement ils perdent du poids, mais ils souffrent également deux fois moins de cancers liés à l’âge et de maladies cardio-vasculaires. Ils développent aussi moins de diabète. Le bénéfice serait également intéressant lorsque la restriction est entreprise seulement en milieu de vie.
Manger beaucoup moins
Ceux qui ont assez à manger pourraient utilement, pour eux et pour la planète, manger moins. Et d’abord commencer par pratiquer des jeûnes réguliers.
On sait que l’organisme commence par assimiler les nutriments consommés, puis, un peu plus tard consomme les sucres stockés dans le foie et dans les graisses du corps, c’est ainsi qu’il élimine les éléments toxiques et regénère le système digestif.
Le prix Nobel de médecine 2016 a été décerné au Japonais Yoshinori Ohsumi pour ses travaux sur l’autophagie, mécanisme mis en œuvre lorsque la cellule, privée de nutriments extérieurs, digère une partie de son propre cytoplasme et permet ainsi son renouvellement.
Chez l’homme, la privation volontaire de nourriture favorise non seulement la perte de poids, mais aussi améliore l’acceptation de l’insuline par les diabétiques de type 2, diminue le risque de contracter des maladies cardiovasculaires, freine le vieillissement cellulaire.
OKINAWA : la référence !
Le régime d’Okinawa propose par exemple de ne jamais manger plus que sa faim, voire même en deçà (c’est le hara hachi bu, ou « ne manger qu’à 80 % de sa faim »). Les habitants de l’île consomment d’ailleurs 40 % de calories en moins que les Américains et 17 % de moins que les autres Japonais.
Dans ces principes de vie, la réduction alimentaire est révélatrice chez les habitants de l’île d’Okinawa. Cette île japonaise qui fait partie d’un archipel de 160 îles s’étendant entre le Japon proprement dit et Taïwan, est habitée par une proportion de centenaires plus importante que dans tout le reste du Japon.
Les accidents cardio ou cérébro-vasculaires et les cancers hormono-dépendants y sont très faibles : près de moitié moins que dans le reste du Japon, 80 % de moins que dans les pays occidentaux. On a aussi constaté que la densité osseuse est très élevée, en rapport avec l’incidence faible des fractures du col du fémur.
Cette inscription très ancienne gravée sur un rocher près de la plage d’Okinawa situe bien le contexte et l’état d’esprit des natifs : « À 70ans, vous n’êtes qu’un enfant; à 80, vous êtes à peine un adolescent; et à 90, si les ancêtres vous invitent à les rejoindre au paradis, demandez-leur d’attendre jusqu’à 100 ans, âge auquel vous reconsidérerez la question. »
Les études montrent clairement que ces bons scores ne sont pas dus à la présence d’un patrimoine génétique particulièrement généreux, ni à un secret extraordinaire ou à un aliment spécial, et encore moins à une pilule miracle ! Il s’agit tout simplement du résultat d’un style de vie sain où toutes les influences, en particulier nutritionnelles, sont respectées.
Dernière observation intéressante et qui n’est en rien surprenante : cette performance sanitaire exceptionnelle tend à disparaître chez les jeunes Okinawaïens (comme pour les Hunzas) qui ont adopté un régime alimentaire moderne.
Les différents jeûnes
Le régime
En France et dans certains pays d’Europe, la diététique et l’hygiène physique et mentale restent les grandes absentes des hôpitaux et des enseignements universitaires. Elle se réduit à quantifier protides, lipides et glucides dans des proportions équilibrées. Le régime est un domaine tabou tandis que, dans les pays anglo-saxons, il fait l’objet de recherches et d’actions publiques de grande envergure.
Les régimes ont toujours représenté le point fort des traitements non conventionnels, au point de constituer « la » thérapeutique du cancer pour certains d’entre eux. Beaucoup ont d’ailleurs été mis au point par des malades qui se prétendent améliorés ou guéris par lui.
Certains font partie d’une vision du monde ou d’une philosophie personnelle. C’est ainsi que certains de ces régimes, que leurs adeptes doivent suivre à la lettre, relèvent d’une approche sectaire.
Toutefois certains régimes, à condition d’être pratiqués à bon escient et limités dans le temps, présentent des effets bénéfiques. Pour tous, ils soulignent un élément important de notre civilisation : la suralimentation. Tous ont en commun d’être amaigrissants, pauvres en calories, pauvres en protéines d’origine animale, ou en corps gras qui favorisent l’éclosion des cancers hormono-dépendants (sein, prostate) en élevant les taux hormonaux.
Le jeûne intermittent
Il existe d’autres possibilités de bénéficier des effets positifs du jeûne sans devoir maigrir pour autant. Une des pistes est de manger sans restriction calorique cinq jours par semaine puis, sur deux jours consécutifs, de jeûner ou, tout du moins, de ne pas dépasser 600 kilocalories par jour. Parmi les personnes qui ont expérimenté le jeûne intermittent ; beaucoup ont constaté une baisse de leur glycémie, de leur taux d’insuline sanguin, ainsi que de certains facteurs d’inflammation. Et certains facteurs de croissance importants sont eux aussi réduits de moitié.
Le jeûne intermittent consiste à répéter très régulièrement des séances de jeûne court, d’une durée minimale de 16 heures. Cela peut se faire de façon spontanée, au gré de son ressenti, ou de façon plus méthodique. Le jeûne le plus court – et donc le plus facile à mettre en œuvre ! – est le jeûne 16/8, qui consiste à s’abstenir de s’alimenter pendant 16 heures, par exemple entre 20 h et 12 h le lendemain. Certains le réalisent sans se forcer en sautant systématiquement la case du petit déjeuner. Sans doute le signe que leur foie rencontre certaines difficultés pour terminer au petit matin son travail de détoxification nocturne. D’où cette absence de faim matinale. Il n’est donc pas « contre-nature » de jeûner par intermittence, et cela fait même du bien à l’organisme assez rapidement, comme en témoigne l’amélioration des valeurs physiologiques (cholestérol total, triglycérides, insulinémie à jeun, marqueurs de l’inflammation)
Le jeûne intermittent reproduit le mode de vie de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, qui ne connaissaient pas la famine, mais des périodes brèves sans nourriture ou avec peu de nourriture. Leur métabolisme s’est adapté, le stress généré par cette privation a créé un bouleversement neuroendocrinien dont nous profitons aujourd’hui selon la phylogénèse.
Le jeûne total
Évidemment, il s’agit d’un jeûne total, à l’eau pure (et peu minéralisée), qui consiste donc seulement à boire et à ne pas s’alimenter pendant tout le temps du jeûne, tout en étant surveillé médicalement.
Le corps puise alors sur ses réserves en sucres, présentes surtout dans le foie et un peu dans les muscles. Elles sont épuisées en deux jours. Ensuite, le corps prend sur ses réserves en graisses, lesquelles doivent être transformées en corps cétoniques pour parvenir au système nerveux central, qui a besoin d’énergie pour fonctionner.
Ainsi, le 4e jour peut être difficile à passer du fait de l’état d’acidocétose, responsable de faiblesse, de nausées et de migraines : il faut connaître ce cap délicat pour avoir le courage et la persévérance de continuer.
Le jeûne provoque un état de stress qui est une réaction d’adaptation à un changement de l’environnement, ici la privation de nourriture. Confronté à cette privation de nourriture, l’organisme déclenche l’alerte, ce qui provoque un bouleversement hormonal et neuroendocrinien. Des hormones mobilisent les réserves du corps, certaines ont aussi un effet anti-inflammatoire. Ce sont ces mécanismes d’autorégulation qui induisent les effets thérapeutiques. Ainsi, de nombreux paramètres sanguins s’améliorent (glycémie, cholestérol, triglycérides, taux d’insuline), Parallèlement la dépense d’énergie de l’organisme diminue peu à peu (respiration, rythme cardiaque, pression artérielle). Tout se ralentit. Le système digestif est également mis au repos.
La mise en place des processus métaboliques du jeûne
Le jeûne provoque un état de stress qui relance les mécanismes de sanogénèse, ou auto-détoxication de l’organisme, qui restent d’habitude passifs à cause de notre mode de vie. Le stress est un mécanisme d’adaptation au changement de notre environnement, ici l’absence de nourriture. La privation de nourriture va déclencher une alerte conduisant à un bouleversement hormonal et neuroendocrinien. La réponse va être, en premier, la mobilisation des réserves énergétiques de l’organisme.
La production des catécholamines, (l’adrénaline, la noradrénaline, la dopamine) est fortement augmentée. Elles préparent le corps à l’activité physique et psychologique. Elles exercent une action stimulante au niveau cardiorespiratoire, cérébral et rénal. Elles stimulent la sécrétion du glucagon et donc la glycogénolyse et la lipolyse et inhibent la sécrétion d’insuline. Ce sont les hormones et les neuromédiateurs de l’éveil et de l’action. Leurs effets stimulants, notamment sur le cerveau expliquent, en partie, les résultats obtenus par les médecins russes dans le traitement des différentes maladies mentales de leurs patients : le jeûne s’est substitué, parfois très efficacement, aux anxiolytiques ou aux anti-dépresseurs.
Hygie et Panacée
Quant à la dimension psychique, notamment la sensation d’euphorie ou de légèreté décrite par les jeûneurs, elle s’explique aussi par le processus que le corps traverse automatiquement quand on le prive de nourriture.
Dans un contexte plus prosaïque, il est difficile d’écarter, dans les effets bénéfiques du jeûne, une dimension psychologique, à savoir la volonté de prendre soin de soi, le sentiment d’accomplir un défi personnel, ou encore de s’offrir une pause dédiée à la santé et à l’introspection. Le jeûne a ainsi valeur de point de départ pour réformer son hygiène de vie et ses habitudes alimentaires. L’intérêt devient en ce sens plus préventif, à plus long terme, que curatif.
Un impact qui fait écho aux origines de la médecine occidentale moderne : « Asclépios, le dieu grec de la médecine, avait deux filles : Panacée – qui représente le remède, le traitement de la maladie par le médicament -, et Hygie – qui symbolise l’hygiène et la médecine préventive. Du combat entre les deux, c’est Panacée qui est ressortie victorieuse, et le corps médical occidental en est l’héritier. Mais Hygie trouve de plus en plus d’écho dans le public… et le jeûne fait peut-être partie de cette démarche ».
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Lors de ma conférence au salon Bien-être à la porte de Versailles, j’ai été très heureux devant la foule qui a envahie la salle. Suite à la chute du Covid, les conférences sur la maladie d’Alzheimer vont continuer.
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