Le mois de décembre reste encore de nos jours communément désigné comme le « mois des Lumières ». C’est en cette période de l’année que l’impulsion spirituelle de la saison prépare l’humanité pour un déversement des forces célestes qui accompagnent la renaissance annuelle du Christ sur notre sphère terrestre.
Dans les traditions préchrétiennes, on célébrait déjà la nuit du 24 Décembre qu’on appelait la « fête de la Lumière » par de grandes festivités… La commémoration de cette journée d’enfantement, célébrée en grandes pompes, se perd dans la nuit des temps. La période astrologique du Sagittaire, désigné comme « feu sous la cendre », symbolisait la période de maturation des énergies à l’intérieur des choses et de l’être. Avant de renaître, tel un phœnix. Durant toute cette période, les forces de la nature s’intériorisent, se contractent pour se recentrer et se purifier dans le sein de la Terre-Mère.
Si « magie de Noël » il y a, c’est bien celle qui a vu ce jour de fête s’imposer universellement.
Partout, dans les vitrines, les rues, les maisons, on ressent l’approche de Noël. Sapins enguirlandés, couronnes de l’Avent, crèches, illuminations…
Les plus beaux Noëls ne sont pas ceux qui tournent autour des décorations, des cadeaux et des festivités, mais ceux où l’amour est roi. L’amour, c’est ce qui fait Noël. Et Noël, c’est consacrer du temps à sa famille et ses amis. C’est savoir apprécier et chérir l’amour partagé. Malheureusement, l’amour est facilement oublié dans l’effervescence de Noël. Parfois, il se trouve enfoui sous les décorations, les cadeaux, les courses interminables, les réveillons et les festivités.
L’amour, c’est donner du temps aux autres, même si, au bout du compte, on n’a pas autant de cadeaux à offrir, et que tout n’est pas aussi « parfait ».
Noël, c’est peut-être l’occasion de partager le repas avec un étudiant esseulé, un réfugié loin de sa famille ou de rendre visite à une mamie ou un papy confiné par ses handicaps. Les occasions de se rendre utiles sont multiples.
Un rite éternel
Je crois au sacré et à la puissance du rite. Et ce rite est d’autant plus efficient qu’il s’intègre dans un rythme porteur de sens. L’obstination que l’on a mis à perpétuer la fête de Noël, en dépit de l’estompage progressif de sa dimension religieuse, montre à quel point l’humanité a besoin de repères fermement ancrés. Ces derniers sont d’autant plus indispensables aux urbains que nous sommes quasiment tous devenus, coupés du cycle naturel des saisons. Depuis les origines des temps, les hommes célèbrent le solstice d’hiver. A l’issue de la nuit la plus longue de l’année, après des mois d’austérité ; la vie en jachère allait pouvoir à nouveau s’épanouir. Quel motif plus légitime de réjouissance ! Car la nature qui ressuscite après le sommeil de l’hiver apparaît comme un miroir en creux de nos existences, lesquelles n’ont souvent rien d’un long fleuve tranquille.
Difficile de dire plus sublimement qu’au-delà des pesanteurs, l’étincelle de vie demeure en nous, intacte. Et qu’elle ne demande qu’à être ravivée.
Les décorations qui scintillent, l’odeur du sapin coincé dans le salon, le bruit du papier cadeau que l’on déchire ou encore les chants entonnés par les membres de la famille, Noël est une affaire de sens. C’est par eux que passe l’atmosphère si particulière de ce jour de fête. C’est à travers eux que nous vivons ce 25 décembre, que les enfants ont tant attendu et les adultes dont le mental a été secoué en ces temps troublés par ces maudits virus.
Puisque ces réjouissances s’organisent autour de la célébration de la naissance du Christ, nous pouvons nous demander comment cet évènement mystérieux et caché d’il y a deux mille ans a pu prendre une telle dimension, pourquoi une émotion sincère saisit tant d’hommes et de femmes, chrétiens convaincus ou non, quand revient le temps de Noël. Est-ce l’occasion qui nous est donnée, à travers des jours moroses et incertains, de pouvoir oublier quelques instants cette multitudes de stress et désespoir ? Est-ce la joie de se retrouver en famille ? Est-ce l’occasion de se réconcilier ? Les divers confinements donnent lieu à tant de tensions, de discorde, de règlements de compte.
Est-ce l’attendrissement devant un nouveau-né, dans une société où l’annonce d’une naissance n’est pas toujours une bénédiction ? Est-ce tout simplement un vieux rêve de paix et de concorde qui habite les cœurs, ou la nostalgie des Noëls de notre enfance ?
Quand une naissance arrive dans une famille aujourd’hui, on envoie un SMS à tout son carnet d’adresses, avec la photo du nouveau-né. On voudrait annoncer la nouvelle au monde entier pour que la joie remplisse les cœurs ! Dans l’Evangile, on retrouve la même ambiance, le même décor : des millions d’étoiles sont allumées dans la nuit, les anges veulent annoncer la naissance de Jésus au monde entier. Noël est par excellence la fête de la joie. Et l’ange proclame : « Je vous annonce une grande joie pour toute l’humanité. » Car la joie ne peut être authentique que si tout le monde peut la vivre. C’est ainsi que les premiers à qui elle est annoncée sont des bergers. Ces hommes pauvres vivant en marge des villes, soupçonnés d’être des « chapardeurs », étaient souvent méprisés et refoulés. C’est à eux, aux sans-logis et à tous les déshérités que la nouvelle est annoncée en priorité. Sinon, ils risqueraient d’être oubliés, de rester en marge, et ce sentiment de plénitude n’aurait pas été partagé par la communauté des hommes.
Le défilé des santons
Je me souviens d’une crèche bien particulière de mon église de St Lambert. Elle était envahie par une cohorte de petites figurines en terre cuite peinte. Je m’attardais devant ces personnages façonnés avec habilité et amour, autour de la mangeoire où rayonnait Jésus entouré de personnages bibliques.
- Marie, la mère qui nous guide sur les chemins de la fidélité au-delà des épreuves et de la souffrance.
- Joseph, exemple d’humilité, de confiance et de disponibilité devant Dieu.
Et puis tous les autres, les bergers, les rois mages.
Chercher l’étoile
Les mages suivaient une étoile.
En réalité, les mages, Melchior, Gaspard et Balthazar ne sont pas aussi étranges qu’il nous paraît. Pour tout homme de l’Antiquité, une étoile nouvelle ou intermittente ou filante est un signe, un indicateur qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire dans le monde. De Rome à la Perse, on scrute le ciel chaque nuit en quête de tels signes. Ils annoncent l’avènement d’un roi, la chute d’une ville ou le triomphe d’un héros. Ce qui est inattendu, c’est qu’ayant interprété la naissance d’un roi, les mages le reconnaissent dans Jésus, nouveau-né déposé dans la mangeoire à bœufs de la remise d’une auberge, le lieu de la Judée le moins susceptible de servir de berceau à un souverain.
En somme, les mages cherchent quelque chose et trouvent autre chose (en apparence). Voilà qui est très rassurant pour nous.
Ils étaient les mages, prenant la route qui les mènerait au roi dans une crèche, à un Sauveur qu’ils espéraient sans le connaître ; prenant une route qui ferait peut-être bien des détours, mais qu’ils voulaient suivre néanmoins. Ils ne faisaient que donner un nom à ce que nous vivons tous.
En admirant ces santons, on se demande s’ils n’ont pas été posés là pour nous aider à réfléchir à ce que nous sommes. Examinons les animaux présents dans la crèche, moutons, âne et bœuf sont attestés comme animaux bibliques.
- L’âne ? Têtu, désobéissant, n’agissant qu’à sa tête et cependant courageux, fort dans sa fragilité. Il représente aussi la monture des prophètes.
- Le bœuf ? Imperturbable, apparemment indifférent, il trace son sillon, ne regarde jamais en arrière, rassemble toutes ses forces pour vaincre les obstacles jusqu’aux limites de ses forces.
- Les moutons ? Dociles, ils suivent les mouvements majoritaires sans trop se poser de questions. Ils représentent la métaphore du peuple du Christ « le bon pasteur ».
- Les bergers ? ces gardiens de troupeau se présentent les mains vides mais le cœur débordant d’amour.
- Les rois mages ? Confiants, ils marchent avec la conviction qu’ils trouveront un jour Celui qu’ils cherchent.
Ane, bœuf, moutons, bergers ou rois mages, nous sommes tantôt l’un tantôt l’autre.
Belle parole
Que peut-on offrir à Noël et pourquoi pas donner une simple parole ? Après tout, Jésus notre Sauveur né dans la crèche, n’est-il pas venu pour nous porter la Parole, la Bonne Nouvelle !
Je vous propose une parole de l’Evangile celle de saint Matthieu, au chapitre 25, versets 37 à 40
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : » Venez, les bénis de mon Père : prenez possession du Royaume qui vous a été préparé dès la création du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez recueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; j’ai été malade, et vous m’avez réconforté ; j’étais en prison, et vous êtes venu à moi. » Alors les Justes lui répondront : » Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t’accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te visiter ? » Et le Roi leur répond : « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait, à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».