Il n’est pas une journée en France sans que ne soit mentionnés les dégâts causés par une des nombreuses drogues : cannabis (chanvre indien, hashish, marijuana), héroïne (stupéfiant dérivé de la morphine), cocaïne (alcaloïde naturel extrait des feuilles de coca).

Si les médias mettent en exergue les dealers et leurs escortes dévastatrices, on oublie les consommateurs qui composent la pièce maitresse dans ce trafic de drogue.

Une drogue est un composé chimique, biochimique ou naturel, capable d’altérer une ou plusieurs activités neuronales et/ou de perturber les communications neuronales. La consommation de drogues par l’Homme – afin de modifier ses fonctions physiologiques ou psychiques, ses réactions physiologiques et ses états de conscience – n’est pas récente. Certaines drogues peuvent engendrer une dépendance physique ou psychologique. L’usage de celles-ci peut avoir pour conséquences des perturbations physiques ou mentales. Pour désigner les substances ayant un effet sur le système nerveux, il est plus généralement question de psychotrope.

Le terme « drogue » recouvre essentiellement deux aspects : la nature des effets biologiques que la drogue induit d’une part et, d’autre part, les rapports que celui qui la consomme entretient avec elle. Il faut qu’un composant chimique donné soit consommé pour qu’il puisse répondre à l’appellation de « drogue ». Le mode et la fréquence de consommation influe directement sur l’accoutumance ou la dépendance au produit.

Un système de régulation de la production, du commerce et de la consommation des drogues a été mis en place au cours du XXe siècle.

Grâce à ces éléments, un même produit peut occuper des places très différentes dans des systèmes de valeurs et de modes de vie variés à travers le monde et les époques. En conséquence, le même produit peut devenir une panacée ou un fléau pour une société. Le cas de la coca permet d’illustrer ce propos : elle représente une menace pour les États-Unis, alors qu’elle symbolise l’identité culturelle bolivienne pour les boliviens.

Cette différence d’approche d’un même produit est liée à la notion de tolérance socioculturelle, selon laquelle dans un pays où une substance est produite, un état d’équilibre relatif s’installe entre cette substance et les usagers où elle est intégrée dans un rituel social, mystique ou religieux. Ce rituel s’accompagne d’une tradition de l’usage du produit véhiculant des prescriptions d’utilisation, les quantités à utiliser, les dangers relatif à l’usage.

Au vu de ces éléments anthropologiques, il est donc nécessaire de prêter attention aux divers systèmes de valeurs dans lesquels sont intégrés les produits psychoactifs. Les différentes utilisations et perceptions des drogues sont caractérisées par des recours à des références à la tradition et à la modernité qui peuvent être contradictoires. Tradition et modernité désignent ici des mouvements historiques ; ce qui impose également de faire preuve d’un relativisme historique quand on souhaite traiter des problématiques liées à la drogue.

Dans certains pays, la peine de mort est appliquée pour les trafics de drogue, les harcèlements, les violences. En France, ces actes font l’objet de peines d’amende et d’emprisonnement.

La parade, une plante africaine : l’IBOGA

Cet arbuste est répandu au Gabon, en Guinée équatoriale, au Sud-Cameroun, au Congo-Brazzaville et Madagascar.

Petit arbuste des sous-bois de foret très répandu jusqu’au littoral souvent cultivé à proximité des cases indigènes comme plante magique. Les petites fleurs sont jaunes, ou blanc-rose avec des pétales contournés en pointe se recourbant sur le calice. Les fruits sont ordinairement par paires. On distingue deux variétés différenciées par la forme des fruits allongés (Tabernanthe iboga) ou globulaires (Tabernanthe mannii).

En thérapeutique, les écorces de racines produisent des effets stimulants dans les asthénies physiques et intellectuelles et elles sont antitoxiques à faible dose dans les convalescences des maladies infectieuses. Mais en grosse quantité la racine d’Iboga est un hallucinogène dont l’emploi est réservé aux cérémonies d’initiation à diverses sociétés, le Bwiti chez les hommes, l’Ombuiri chez les femmes au Gabon.

L’absorption des râpures d’écorce de la racine détermine une sorte d’ébriété, d’hébétude, de torpeur puis on voit apparaître les manifestations hallucinatoires. Les cérémonies initiatiques éprouvantes, entrecoupées de périodes de somnolence et d’excitation, durent plusieurs jours.

L’Iboga doit ses propriétés à des alcaloïdes indoliques dont les principaux sont l’ibogaïne et la tabernanthine.

Ces alcaloïdes sont des excitants du système nerveux central. Ils sont antagonistes des barbituriques et agissent sur le comportement des animaux en augmentant leur curiosité et leur faculté à résoudre un conflit (GAIGNAULT).

Ils possèdent une activité anticholinestérasique et empêchent l’hydrolyse de l’acétylcholine. Un brevet portant sur l’activité antiasthénique des alcaloïdes de l’Iboga a été déposé en 1967 (DAUSSE).

Depuis quelques années on s’intéresse à l’action antidrogue de l’ibogaïne. En donnant aux doses élevées de 500 mg à 1 g, on constate chez l’héroïnomane et le cocaïnomane un stade d’excitation puis d’hallucination et un sommeil profond de quelques heures. Mais au réveil le sujet ne ressent plus le besoin d’héroïne ou de cocaïne. Il y aurait interférence de l’ibogaïne sur les récepteurs de ces drogues. Deux brevets ont été déposés dans ce sens (LOTSOF).

Enfin la stimulation de l’hématopoïèse par un extrait de Tabernanthe mannii et l’analogie de structure de l’ibogaïne avec la catharantine, alcaloïde de la Pervenche de Madagascar, antinéoplasique, a conduit certains chercheurs à préconiser une étude de l’action de l’ibogaïne dans le traitement du Sida, peu répandu en effet dans la population gabonaise adepte de l’Iboga (GOUTAREL).

Au Gabon, un tourisme initiatique pour Occidentaux

Description anthropologique d’une séance

LIBREVILLE, 13 mars 2014 – A 45 ans, le Français R.C est venu au Gabon pour se faire initier à un rite ancestral en l’Afrique centrale, le Bwiti pour « y voir plus clair » dans sa vie.

Et comme de nombreux occidentaux avant lui, c’est chez « Tatayo », un maître initiateur d’un genre un peu particulier et sujet à controverses, que s’est rendu ce directeur d’une troupe de théâtre de rue, venu de Bordeaux.

« Tatayo » de son nom d’initié, est un personnage incontournable de Libreville. Franco-gabonais d’origine gasconne, il est arrivé à Libreville il y a plus de 40 ans, avant d’entrer dans le bwiti et devenir à son tour « Nganga » -maître initiateur- en 2005.

Chez lui, dans une concession en bord de mer située tout à côté de la résidence du président gabonais, il initie de nombreux étrangers -occidentaux pour la plupart- au rite bwiti. Il utilise la racine d’iboga, un psychotrope naturel extrêmement puissant utilisé dans ce rituel, supposé aider le futur initié à ouvrir le dialogue avec « le monde des esprits ».

Ingérée à haute dose, la racine d’iboga, un petit arbuste de la forêt équatoriale, a aussi la réputation d’aider les toxicomanes à sertir de leur dépendance.

Le jour déclinant, dans le « village » de Tatayo, une grande concession dans laquelle vivent une quinzaine de personnes, les feux commencent à s’allumer, et la cérémonie d’initiation à s’organiser.

A la lueur des torches

A la tombée du jour, les initiés au visage maquillé de blanc entonnent des chants traditionnels appuyés par la musique du ngombi, la harpe sacrée, ou encore celle du Mogongo, sorte d’arc sur la corde duquel le musicien frappe à rythme régulier.

Rémy commence à ingérer l’iboga, concassé et réduit en poudre, que Tatayo lui donne par cuillerées jusqu’à ce que les visions apparaissent dans la rumeur assourdissante des chants et des danses des « accompagnateurs ».

Allongé sur une natte, le futur initié semble dormir, son esprit « voyage ». Parfois, il se redresse et vomit tout ce qu’il peut. « L’iboga est un nettoyant intérieur », affirme Tatayo, serein. « Le bandzi (postulant à l’initiation), se vide de tout ce qu’il a de mauvais, d’enfoui, avant de se retrouver face à lui-même ».

Les visions dureront toute la nuit, et ce n’est qu’au petit matin que Rémy se réveillera. Encore groggy de l’expérience, il n’arrivera pas à marcher avant plusieurs heures.

Lui qui avait « un peu peur » de l’initiation, semble heureux, deux jours après être sorti de l’état de léthargie dans lequel l’iboga l’avait plongé : « L’initiation m’a apporté une connaissance qui n’est pas transmise avec des mots, ça a répondu à plusieurs de mes questions », explique-t-il sans plus de détails.

Désormais, il porte le nom de « Moukoukou » qui signifie « les esprits ».

Initiation à risque

Au Gabon, le bwiti fait partie de la vie quotidienne, l’initiation est une pratique commune et peu de gens doutent de l’efficacité de l’iboga, même si son usage est interdit dans de nombreux pays.

En France, non seulement l’iboga est considéré comme une drogue, mais le bwiti est considéré comme une pratique sectaire et dangereuse « tant sur le plan physique que psychique », selon un rapport de la Mission interministérielle de vigilance contre les dérives sectaires (Miviludes) de 2007.

« Il faut l’ingérer sous surveillance”, assure de son côté Tatayo, dont les pratiques ont suscité de nombreuses critiques, après les décès accidentels de deux candidats à l’initiation, lui valant parfois de se voir qualifier de « gourou ».

Il ne fait pas mystère du prix élevé qu’il fait payer à des Occidentaux en manque d’expériences nouvelles : « Un tiers de l’argent sert à rembourser ce que j’ai emprunté pour créer cet endroit, le reste fait vivre beaucoup de gens du Bwiti, ceux en forêt et ceux qui vivent ici, et puis les musiciens et les chanteurs qui viennent à chaque cérémonie ».

Pour pénétrer les secrets du Bwiti, Rémy a payé 2.800 euros son séjour de trois semaines… Un prix que de plus en plus de personnes semblent prêtes à payer, puisque Tatayo reçoit chaque année en moyenne 20 à 25 candidats, la plupart européens.

Et si l’on essayait en occident !

En France on estime le nombre des shootés à plus d’un million d’adeptes. Pour ceux qui se sentent aliénés par ces drogues dures, il est possible de tout gommer en un petit week-end.

Que n’ai-je pas dit ! et pourtant en procédant, dans un cadre médical, la prouesse est réalisable.

Encadré par une équipe médicale expérimentée, dans un contexte hospitalier, les risques sont minimes. Cela suppose que l’on quitte ce monde satanique !

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Florilège

Or je ne puis malgré ses sourires et ses bonjours, la reconnaître en une dame aux traits tellement déchiquetés que la ligne du visage n’était pas restituable. C’est que depuis trois ans elle prenait de la cocaïne et d’autres drogues.

Proust, le Temps retrouvé,

Les sujets de cette espèce (…) sont tout comparables à des intoxiqués ; et l’on observe en eux, dans la poursuite de leur mort, la même obstination, la même anxiété, les mêmes ruses, la même dissimulation que l’on remarque chez les toxicomanes à la recherche de leur drogue.

Valéry, Rhumbs.

J’ai souvent pensé, en regardant de près les champs, les vergers, les bois et leurs nombreux habitants, que le règne végétal était un magasin d’aliments donnés par la nature à l’homme et aux animaux ; mais jamais il ne m’est venu à l’esprit d’y chercher des drogues et des remèdes.

Rousseau, Rêveries…, 7e promenade.

Les médecins ne nous empoisonnent pas moins de leurs vérités que de leurs drogues.

André Suarès, Trois hommes, «Ibsen»,

« Un mec m’a choqué c’était mieux que l’acide (le L.S.D) »

Le Nouvel Obs 3 mars 1975

« Je connais une jeune fille qui a été mise en prison au Baumettes pour toxicomanie. Certes elle ne se choute plus ».

L’Express 29 ans janvier 1973

« Le service public ne reculera pas devant les dealers ». Université Aix Marseille.

Préfète de police des Bouches du Rhône Le 5/10/2023

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Le samedi 14 octobre je me rendrai au salon du livre à Chartres à l’Hôtellerie Saint Yves (ancien prieuré). J’y dédicacerai mes livres.

lesalondulivre.chartres@gmail.com.