Engouement des Français

L’utilisation de produits de santé naturels, en tout genre et sous différentes formes, est devenue un phénomène de société. Il s’agit d’un processus en croissance constante et irréversible. Le recours aux médecines naturelles s’inscrit dans une vraie démarche fondamentale de retour à la nature.

Les scandales sanitaires jouent un rôle dans cette prise de conscience, tout comme le contexte de l’industrialisation de la santé et les inquiétudes environnementales.

La quête d’une médication plus écologique facilement accessible (sans ordonnance, disponible dans les magasins d’aliments naturels ou en libre-service dans les pharmacies, etc.) fait que plus de la moitié des personnes en demande de soins ont régulièrement recours à des vitamines, des minéraux, des produits à base de plantes, des suppléments ou autres préparations galéniques pour retrouver ou encore conserver la santé.

Qui plus est, la qualité de notre alimentation a bien évolué depuis l’époque de nos grands-parents. Avec l’agriculture intensive, les concentrations en nutriments des fruits et légumes ont nettement diminué à cause du lessivage des sols, de la cueillette précoce des végétaux et des processus de transformation et de conservation des aliments. Sans oublier les plats préparés !

Plus d’un Français sur deux consomme des produits naturels. Il s’agit essentiellement de consommatrices (57 % de femmes), plutôt jeunes (45 ans d’âge moyen) et actives (70 %).

Pour une majorité des consommateurs, ces compléments servent à combler les carences alimentaires (56 %), à se maintenir en bonne santé (48 %), à améliorer certaines performances (35 %) et à soigner les petits maux et inconforts du quotidien (33 %).

Avec la crise sanitaire, le comportement des Français a quelque peu évolué. Pour certains, le fait d’être confinés leur a permis de manger plus sainement (63 %) et de faire plus attention à leur santé (62 %). Il faut dire que les messages anxiogènes vus et entendus à longueur de journée ne sont pas étrangers à ce changement de mentalité…

Les compléments alimentaires, sont des « denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique, seuls ou combinés. »

Ce sont donc avant tout une classe particulière d’aliments qui se distinguent du reste par le fait qu’ils apportent notamment une dose quantifiable, suffisante et reproductible de nutriments (vitamines, minéraux, lipides, protéines) et/ou d’autres ingrédients (extraits de plantes, substance chimiquement définie comme le coenzyme Q10, ingrédient traditionnel comme la propolis, etc.). À ce titre, ils complètent l’alimentation normale et ne se substituent pas à celle-ci.

Les compléments alimentaires n’exercent pas un effet pharmacologique : ils ne remplacent pas un médicament prescrit par un médecin et n’ont pas vocation à guérir une maladie. À défaut, ils seraient requalifiés de médicaments par fonction, avec tout ce que cela implique de risques (réglementaire, sécurité, objectivation de l’efficacité…).

Généralement, les consommateurs de remèdes naturels en prennent plusieurs fois par an, sous forme de cures saisonnières (aux changements de saison) ou à certaines périodes de l’année (examens, reprise du sport, en vue de l’été ou encore en cas de stress ou de fatigue). 6 % des Français en consomment même en continu, tout au long de l’année !

La prévention

Consiste notamment à :

  • Surveiller son alimentation afin qu’elle soit la plus diversifiée et la plus équilibrée possible
  • Avoir une bonne hygiène de vie (éviter l’alcool et le tabac, pratiquer une activité physique)
  • Prendre du temps pour soi afin de limiter les situations de stress
  • Ne pas attendre d’avoir un problème avéré avant de consulter (intérêt d’un suivi régulier et des dépistages précoces, recours à des praticiens de médecines naturelles)
  • Éviter le risque de rechute ou de chronicité lors d’une problématique de santé (réadaptation effective)

Cette situation est nouvelle par rapport à l’époque qu’a connue le corps médical et universitaire il y a seulement quelques vingtaines d’années. L’être humain non médicalisé est aujourd’hui une exception. La science médicale « guérit » de plus en plus de maladies… pourtant, il n’y a jamais eu autant de malades !

La planète Terre est devenue un gigantesque hôpital ! Les infections nosocomiales, les gastro-entérites, les maladies infectieuses, les pathologies cardio et neurodégénératives et l’ensemble des remèdes chimiques iatrogènes préoccupent les soignants et angoissent les soignés.

Il ne faut pas oublier non plus que 40 à 70 % des médicaments proviennent de produits naturels.

Il convient seulement de s’assurer que les consommateurs n’utilisent pas ces derniers en même temps que des médicaments à l’action contraire (antagoniste) ou identique (surdosage possible de certains principes actifs).

Dans ces conditions, il est important de posséder les connaissances permettant de bien choisir ses produits naturels, d’offrir aux consommateurs le meilleur service possible, en faisant la part entre les spéculations, les probabilités et les cas documentés d’interactions médicamenteuses.

Attention aux très nombreux produits qui peuvent perturber la coagulation. On relève des décès par hémorragie ou par phlébites (ou thromboses).

L’excès d’œstrogènes (dus notamment aux nombreux perturbateurs endocriniens) génèrent le syndrome prémenstruel, endométriose, fibrome.

Sur Internet

Vous avez lu un article de professionnel ou des avis de consommateurs en ligne à propos d’un produit ?

Là encore, mieux vaut acheter directement à la source, auprès du laboratoire. Vous bénéficierez de ses précieux conseils et d’une garantie que le complément alimentaire recherché n’est pas une fin de lot déstockée sur des plateformes spécialisées.

On trouve facilement sur Internet des avis élogieux de consommateurs sur des produits de santé naturels, avis qui ne se retrouvent pas sur les documents (étiquette, page produit Internet, catalogue) mis à disposition par le laboratoire qui le vend. Pourtant, il s’agit d’un gage de sérieux du laboratoire car :

  • Au regard des autorités, la présentation ainsi que la publicité d’un complément alimentaire ne doivent pas attribuer à ces produits des propriétés de prévention, de traitement ou de guérison d’une maladie humaine, ni même évoquer ces propriétés.
  • Les communications à caractère commercial ne doivent pas induire en erreur le consommateur en vantant un produit idyllique. Celui-ci doit pouvoir faire un choix avisé et non biaisé.

Différents règlements régissent ainsi la communication que les laboratoires effectuent auprès des consommateurs à propos des compléments alimentaires. Ces textes définissent également les mentions obligatoires à faire figurer sur l’étiquetage d’un produit à commercialiser.

C’est ainsi qu’on identifie deux types d’allégations :

Les allégations nutritionnelles

Elles suggèrent ou impliquent que le complément alimentaire possède des propriétés nutritionnelles spécifiques, signalées par les mentions de type « source de… riche en… ne contient pas de… ».

Le nutriment en question doit être en quantité significative pour que l’allégation puisse être utilisée

Les allégations de santé

Elles sont définies par « tout message, représentation, image, symbole ou élément graphique qui affirme, suggère ou implique qu’une denrée alimentaire possède des caractéristiques particulières ». Ce type d’allégation doit reposer sur des preuves scientifiques généralement admises et être justifiées par de telles preuves.

Voici un exemple concret d’une allégation de santé : « Le calcium est nécessaire au maintien d’une ossature normale ». Une allégation de santé ne doit pas faire explicitement référence à une maladie. Ainsi, la phrase « Le calcium aide à lutter contre l’ostéoporose » est une allégation de santé interdite, susceptible d’entraîner une requalification du complément alimentaire en médicament par présentation. Même si cette formulation est beaucoup plus parlante pour le consommateur, elle n’est pas correcte d’un point de vue scientifique, ni réglementaire.

Certains termes qui permettaient de décrire une catégorie d’ingrédients ont été considérés par les autorités comme des allégations de santé en soi : les probiotiques (qui favorisent la vie), les antioxydants (qui luttent contre l’oxydation).

En France, le terme « probiotiques » a ainsi été évincé il y a quelques années au profit de celui de « ferments lactiques » ou « bactéries lactiques ».

Les allégations interdites

Elles correspondent à des mentions qui laissent à penser que le fait de ne pas consommer un complément alimentaire peut être préjudiciable à sa santé (« Si vous ne consommez pas le produit X, vous pourriez le regretter ») ou qui font référence au rythme ou à l’importance de la perte de poids (« Avec le produit Y, j’ai perdu 5 kg en une semaine »).

Le « marketing de la peur »

La crise sanitaire, qui tient le monde en haleine depuis deux ans, a vu ce type de marketing se mettre en œuvre à très grande échelle.

En général, la peur fait vendre, car elle fait appel à nos émotions et, par ce biais, elle influence nos choix. La peur rend les gens plus dociles et émousse leur sens critique. De nombreuses entités (certaines marques) l’ont bien compris et rivalisent de créativité pour instiller le doute et vous amener exactement là où elles le veulent.

L’UFC-Que Choisir (Union Fédérale des Consommateurs) dénonce régulièrement ces entités et met en lumière leurs agissements au détriment des consommateurs.

Le « marketing de la rareté »

Un autre moyen, employé par certains acteurs du marché, est de faire croire aux consommateurs que le produit fonctionne tellement bien qu’il sera prochainement en rupture de stock. Le procédé consiste à organiser la rareté artificielle d’un complément alimentaire, dans sa production ou sa distribution, ou de tirer profit de sa rareté si celle-ci est réelle.

Conçues au départ pour éviter que le consommateur ne soit abusé par des discours mensongers, les allégations de santé ont eu au final plusieurs effets négatifs :

  • En matière de communication, elles ont nivelé tout le marché des ingrédients vers le bas en restreignant les possibilités de communiquer au moyen des seules allégations autorisées.
  • Elles ont apporté une certaine confusion dans l’esprit du consommateur. En effet, le phrasé de ces allégations est volontairement neutre, voire parfois confus, vis-à-vis d’éventuels effets, ce qui n’est pas de nature à rassurer ou mieux informer les consommateurs.

Par ailleurs, de nombreux consommateurs ne comprennent pas le sens d’allégations telles que : « La vitamine C contribue à la formation normale de collagène pour assurer la fonction normale de la peau » ?

D’autres allégations sont dignes de Monsieur de La Palice et pourtant véridiques, de type : « L’eau contribue au maintien de la régulation normale de la température du corps ».

Le saviez-vous ?

Sur les 44000 demandes d’allégations génériques reposant sur des preuves établies reçues par les instances européennes, seules 229 ont été autorisées (principalement pour les vitamines et les minéraux), 1548 demandes concernant des plantes restent non évaluées à ce jour, notamment pour cause de désaccord sur les critères d’évaluation.

La DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et la répression des fraudes) enregistre environ 1000 demandes de déclaration de compléments alimentaires par mois. À la date du 4 octobre 2021, 58 558 compléments alimentaires étaient déclarés dans Télélcare. La consultation de cette base de données est un moyen simple de faire un premier tri quant au respect de l’obligation de déclaration par un acteur proposant ses compléments alimentaires.

La glutamine stimule les cellules tumorales !

La question que les consommateurs et leurs praticiens doivent légitimement se poser est la suivante : « Est-il pertinent de consommer de la glutamine, dont jusqu’à présent peu d’effets bénéfiques ont été mis en avant chez l’Homme, alors qu’il existe dans le même temps un risque potentiel de favoriser la croissance de cellules précancéreuses ? ».

Les produits dits « adultérés » :

C’est une escroquerie qui joue sur deux ressorts. L’un est vieux comme le monde : la crédulité de personnes fragiles, prêtes à se laisser prendre dans le miroir aux alouettes. L’autre, plus récent, est la puissance de frappe des réseaux sociaux et des influenceurs. Dans ce monde virtuel, la magie de simples gélules « naturelles » opère pour quelques dizaines d’euros seulement. Envolés les kilos, disparue l’impuissance masculine ! Comment se fait-il qu’en France, pays réglementé parfois à outrance, on puisse tomber dans ce piège grossier, au risque d’y laisser sa vie ? C’est simple : la vente sur Internet des compléments alimentaires, dans lesquels sont classés la plupart de ces produits, n’est pas réglementée. En 2013, la France a réussi à encadrer la vente de médicaments en ligne. Les compléments alimentaires, toujours pas ! Leur composition n’est pas contrôlée, personne pour y débusquer une substance interdite. Sur son site, le ministère de la Santé prévient : « L’authenticité, la composition et la qualité des compléments alimentaires proposés sur Internet ne sont pas garanties. » Les autorités reconnaissent ainsi leur impuissance. La plupart de ces gélules, aux ingrédients douteux, sont vendues sur des sites étrangers (certains font mine d’être français) impossibles à tracer.

Les aphrodisiaques

Parmi ces produits, les plus dévastateurs sont les « aphrodisiaques ». Ces miels de l’amour » sont légion sur la Toile. Affichés comme naturels, beaucoup contiennent en fait du tadalafil ou du sildénafil, des molécules contre les troubles de l’érection. Ces médicaments peuvent entraîner des problèmes cardiaques. Ils sont disponibles uniquement sur ordonnance.

Un homme de 36 ans a eu une nécrose du pénis et a dû être opéré, avec de lourdes séquelles urinaires et sexuelles. Un autre, de 28 ans, a été hospitalisé dans un état grave à Angers.
« Un comprimé qui fait bander instantanément, c’est qu’il ne contient pas que des plantes », résume, cash, un médecin. Dans ces produits, il n’y a aucun dosage fiable, vous vous retrouvez parfois avec l’équivalent de plusieurs médicaments dans quelques millilitres ou grammes d’un produit. C’est irrégulier, certains lots ont de fortes doses, d’autres n’en ont pas.

Pour rebooster sa sexualité, la jolie Thérèse (qui ne rit plus !), a absorbé un produit. Sa composition revendiquée : du miel pur de Malaisie, du tong-kat ali (une plante asiatique), du ginseng et de la fraise, devait l’aider à réguler son cycle menstruel et rebooster sa sexualité. L’analyse de la friandise s’est révélée beaucoup moins sucrée : à la place des végétaux, du Viagra à haute dose. Thérèse a souffert d’effets ravageurs notamment de troubles hépatiques.

Le coupe-faim

Pour l’aider à perdre des kilos, Florence prend un mélange de bigaradier, guarana, nopal.

En début d’après-midi, sa poitrine lui fait mal. « Ça serre ! ça ne va pas ! J’ai des crises de tachycardie, des sueurs froides, les mains qui tremblent », raconte -t-elle. Elle rentre se coucher. La nuit s’enfonce. Elle pleure, crie, a peur. « J’ai commencé à avoir des hallucinations, je voyais mes sœurs mourir, toutes mes phobies prenaient forme. » L’angoisse, puis les vomissements, si nombreux qu’elle régurgite du sang.

C’est le centre antipoison de Paris qui a débusqué la présence d’un médicament dangereux dans un régime vendu comme d’origine végétale, Une adorable cerise sur le sachet, un joli bandeau rouge, une belle promo sur Instagram… tout pour faire confiance à ces gélules qui contenaient en fait de la sibutramine, coupe-faim dangereux, interdit en Europe depuis plus de douze ans ! Fin août, l’ANSM, le gendarme du médicament en France, a suspendu sa commercialisation.

En contrepartie, la population devient de plus en plus proactive, demande un meilleur accès aux produits de santé naturels, comprend et adhère au besoin d’une plus grande responsabilité personnelle vis-à- vis de sa santé.

Il est ainsi devenu urgent d’informer le plus largement et le plus objectivement possible sur les effets indésirables ou les interactions des médicaments et des produits de santé naturels. Tous les professionnels dédiés (médecins, pharmaciens, nutritionnistes, diététiciens et autres thérapeutes) doivent être bien informés pour conseiller judicieusement leurs clients, et les distributeurs de produits naturels être attentifs à cette vaste problématique.

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Il est impossible de connaitre les compléments alimentaires et leurs dérives en quelques pages.

C’est pourquoi je vous recommande un livre qui complète les quelques informations que j’ai pu vous donner.

En parcourant le livre du Dr Frédéric Denis, vous pouvez profiter de sa vaste connaissance des produits naturels. L’ouvrage est divisé en quatre parties, qui s’enchaînent harmonieusement. Les argumentations, les petits conseils, les mises en garde contre les écueils abondent. Vous pouvez y faire votre marché (aux bonnes idées).

Vous serez surpris et peut-être décontenancés d’apprendre que vous consommez quotidiennement des produits sans efficacité et prouvés scientifiquement. C’est ainsi qu’il vous conseillera des compléments alimentaires qui présentent une valeur thérapeutique.

Cet excellent ouvrage d’information est le fruit de plusieurs années d’investigation sur les produits naturels. Il est un incontournable pour toutes les personnes concernées (professionnels inclus) par la santé et par les très nombreuses mises en garde lors du recours à ces compléments alimentaires.

Dans ce livre, j’ai glané des informations précieuses, essentielles et rares. Les ouvrages sur la nutrithérapie et les compléments alimentaires foisonnent, mais on n’y trouve pas notre compte. Il est vrai que la majorité des publications a été rédigée par des non-professionnels.

Facile à lire et surtout simple à mettre en pratique, c’est une mine de conseils pratiques aussi bien pour les malades que pour les thérapeutes et les laboratoires de produits naturels.

Docteur en cancérologie (Université Paris XI), Frédéric DENIS a travaillé sur les leucémies au sein de l’institut de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM).

Par la suite, il s’est intéressé aux médecines dites alternatives ainsi qu’à leurs bienfaits.

Il a signé plusieurs articles scientifiques quant à l’intérêt de certains nutriments innovants dans différentes sphères (cognitif, dentaire, fonctionnement hépatique).

Fort de 15 années d’expérience dans le domaine des compléments alimentaires, il anime également des conférences et des formations sur des thématiques alliant la nutrition et la santé.

Compléments alimentaires – Mythes et réalités.

Dr Frédéric Denis

Editions Massin (vendu dans toutes les librairies)

(Coût 14,90 €)