Quel espoir peut-on avoir en un sommet présenté comme celui de la dernière chance dans la lutte contre le réchauffement climatique si les dirigeants des pays les plus pollueurs du monde ne daignent pas se déplacer ? Six ans après l’accord historique de la COP21 à Paris, dont Emmanuel Macron se veut le gardien exigeant, la chronique des promesses non tenues malgré les catastrophes naturelles en chaîne laisse sceptique sur les chances de succès de cette COP26. Mais il serait trop facile de rejeter toute la faute sur Pékin ou Moscou. Ou sur les pays émergents aux priorités plus économiques qu’écologiques. Et moins encore sur les pays en développement, aux réfugiés climatiques toujours plus nombreux, qui attendent les milliards de dollars d’aide promis.
Jadis un président français, Jacques Chirac, alertait sur « la maison qui brûle » tandis qu’on regardait ailleurs. Aujourd’hui, son lointain successeur à l’Élysée entend être moteur dans cette COP26 pour, enfin, passer des paroles aux actes.
Chaque citoyen de la planète devrait se sentir concerné.
Toutefois, je suis désespéré, pour ne pas dire plus, qu’aujourd’hui les nombreux mouvements politiques de l’écologie semblent ignorer les médecines naturelles. Depuis presque deux ans nous souffrons physiquement et moralement de l’impact de virus Covid-19 et aucune allusion de leur part à ces thérapies naturelles, en particulier les huiles essentielles dont des travaux et les expérimentations ont prouvé leur efficacité. N’auraient-ils pas rejoint Big Pharma ?
L’avenir de notre Planète est menacé ! Face aux périls compromettant notre survie, l’éveil des consciences est impératif pour nous aider à devenir responsables et solidaires.
Spécialiste de médecines naturelles, je me devais de rejoindre le monde de l’écologie. Depuis plusieurs années les mouvements écologiques ont longtemps ignoré la présence de l’homme sur l’écosystème, mais aussi les effets positifs ou délétères que ceux-ci (et l’environnement global) exercent sur lui.
C’est ainsi que j’ai accepté de donner mon témoignage dans le cadre d’un livre regroupant les acteurs de l’écologie. Cet ouvrage donne la parole à trente-cinq spécialistes, acteurs et experts, pour créer une synergie des connaissances actuelles, informer des réalités cachées des « progrès technologiques », dénoncer leurs dangers sur l’Humanité et trouver des solutions salutaires à sa survie.
Ces 35 témoignages passionnants et courageux dénoncent la désinformation médicale, les dangers des pesticides, produits phytosanitaires, OGM, téléphones portables, antennes-relais, déchets radioactifs, perturbateurs endocriniens…
Ils remettent en cause notre civilisation occidentale, axée sur l’argent et le gaspillage, et prônent la nécessaire insurrection des consciences et la décroissance soutenable.
Ils proposent des solutions qui passent par une alimentation saine, les médecines naturelles, l’éducation non basée sur la compétition, les énergies non fossiles alternatives au pétrole, et l’indispensable autonomie de chaque individu.
Certains mettent en exergue des modes de production et de consommation qui court-circuitent la grande distribution.
Puissent ces propositions apporter le terreau propice à la restauration de l’équilibre de la Planète exsangue et permettre de léguer aux générations futures un monde vivable préservé !
L’ouvrage que réalise Marie-Florence Beaulieu a le mérite de nous mettre en relation directe avec les acteurs de l’écologie. Chacune des personnes interrogées apporte ses réponses aux questions qui sont de son ressort, et c’est finalement un panel très vaste et très riche d’opinions et d’informations qui sont ainsi collectées et communiquées au lecteur.
Q. Vous avez commencé votre carrière comme assistant du Docteur Albert Schweitzer, «Médecin aux Pieds Nus». À ce titre, vous avez parcouru le monde pendant 60 ans. La médecine et la chirurgie en Afrique ou sur un autre continent du Sud n’ont rien de semblable avec les méthodes de soins occidentales. Pouvez-vous nous retracer votre parcours hors au commun ?
Mon aventure a commencé il y a soixante ans dans les Ardennes, un pays où l’on sait instinctivement ce qu’est la solidarité et le respect de la nature. Dès mon plus jeune âge, je me sentais attiré par la médecine. A 12 ans, j’ai eu l’opportunité de remplacer l’aide opératoire du chirurgien de ma ville ; celui-ci m’a maintenu dès lors que j’étais bénévole. Je me rendais au bloc opératoire tous les week-end et lors des vacances. Ces vacations se sont prolongées une dizaine d’années.
Après avoir participé à des milliers d’opérations, je commençais à connaitre les repaires anatomiques, que je consignais le soir sur une feuille de papier. Ces connaissances me profiteront lors de mes études.
A 18 ans, je m’inscris en faculté de médecine à Lille, après mon frère ainé et avant mon frère cadet.
En 1960, étudiant en 3ème année de médecine, lors de la guerre d’Algérie, j’écris au ministre de la guerre, pour lui signaler que les étudiants en médecine voulaient rejoindre l’Algérie pour aider les populations algériennes. L’armée a encadré la mobilisation de quatre-vingt-treize étudiants. Durant trois mois nous avons donné des soins dans des dispensaires. Ce sera la première grande mission humanitaire.
En 1965, en fin d’études, j’obtiens une bourse pour rejoindre l’hôpital de Libreville au Gabon, comme médecin-résident. Il n’était pas question de me rendre à Lambaréné où exerçait le Dr Albert Schweitzer, sans le rencontrer ; celui-ci me fascinait depuis l’enfance, suite aux images du film « Il est minuit Dr Schweitzer » qui avaient imprégné à jamais mon cerveau. Devant ma détermination il m’a proposé de rester à ses côtés. J’ai appris en six mois au cœur de la forêt gabonaise autant qu’en sept ans de la faculté. Le « grand docteur » m’a enseigné l’écologie, le respect de la vie, l’ethnomédecine, les droits de l’homme. Albert Schweitzer a élaboré une œuvre étique et théologique irriguée par « le respect de la vie » rendu encore plus aigu par la menace nucléaire.
C’est ainsi que j’ai réalisé qu’il fallait comprendre l’autre de l’intérieur, respecter son mode de vie, sa religion, ses inclinaisons artistiques, ses coutumes, pour pouvoir mieux le soigner, sur un ton plus juste. Dès lors, j’ai su que mon destin de médecin s’éloignerait de celui de mes copains de la Faculté de Lille.
A la faculté de Bobigny à Paris XIII, je me suis inscrit au DU d’anthropologie, pour étudier l’homme dans la société, j’en suis sorti major sur 90 élèves et ce titre j’ai pu participer à l’enseignement. Grace à la paléoanthropologie j’ai pu découvrir le mécanisme d’Alzheimer.
Pendant quarante ans, j’ai sillonné la planète en prenant part à des dizaines de missions humanitaires. J’ai pris conscience des failles des grandes organisations « humanitaires » calquées sur le modèle culturel occidental, c’est ainsi que j’ai constaté que l’aide extérieure n’entraînait pas forcément le développement. Notre médecine occidentale de pointe ne concerne que 10 % de la population mondiale, tandis que des millions d’enfants continuent de mourir des effets conjugués de malnutrition chronique et d’infections à répétition, et qu’un milliard d’hommes ne dispose pas d’eau potable.
De mission en mission, je me suis intéressé de plus près aux pharmacopées locales à base de plantes et à une certaine médecine « globale » dont sont détenteurs les sorciers, les matrones, les guérisseurs, ceux que l’on nomme aujourd’hui les « tradipraticiens » qui sont les véritables traducteurs culturels de leur communauté.
En 1986, je crée à la Sorbonne – référence mondiale de la culture – la Faculté Libre de Médecines Naturelles, une plate-forme culturelle où étudiants et médecins apprennent à harmoniser la médecine officielle aux médecines dites « alternatives » ou « naturelles ».
C’est dans cette approche que je fonde en 1987, l’Association « Médecins Aux Pieds Nus » (MAPN), une ONG dont l’originalité consiste à appliquer dans le Tiers-Monde les médecines traditionnelles et populaires bien adaptées au contexte socio-culturel, et acceptées par les autochtones dès lors que c’est une partie de leur patrimoine culturel.
Cette prise en compte de l’environnement socioculturel des diverses populations s’appelle l’ethnomédecine : une science pluridisciplinaire qui prend en compte le mode de vie, les rites, les traditions, les arts, la nourriture, la pharmacopée, bref, tout ce qui représente le vécu au quotidien des communautés ; cette approche holistique contribue indirectement à réduire l’hégémonie ravageuse de la médecine occidentale dans ces mêmes pays.
Les médecines traditionnelles et populaires représentent, en effet, la part manquante de notre médecine scientifique et c’est ainsi qu’il nous reste à appliquer une réelle politique mondiale de santé.
En développant ainsi la pharmacopée locale, on arrive à contourner les difficultés d’approvisionnement en médicaments : l’alambic remplace avantageusement la pharmacie vide en distillant les huiles essentielles à partir des plantes médicinales, l’essence de chenopode tue les vers, la mélisse régularise le transit digestif, l’essence d’eucalyptus assèche les pathologies ORL, la mauve éteint les inflammations, le romarin restaure les hépatocytes…
C’est ainsi que la population locale accepte sans réserve ce système de santé qu’elle considère comme sien, car il fait partie intégrante de sa culture traditionnelle.
Q. Chirurgien de guerre au départ de votre aventure, il est étonnant de voir un médecin pratiquant une médecine hyper technique se tourner vers les médecines naturelles. Du reste, vous figurez dans le livre des records pour avoir participé à 16 guerres comme chirurgien. Aujourd’hui, vous formez de nombreux thérapeutes dans la Faculté Libre de Médecines Naturelles et d’Ethnomédecine que vous avez fondée. Quelles sont les grandes lignes de l’enseignement que vous y transmettez ?
La FLMNE enseigne les médecines naturelles ou énergétiques et les sciences humaines regroupées sous le terme « d’ethnomédecine » auxquelles s’ajoutent : l’homéopathie, l’acupuncture, l’ostéopathie, la sophrologie, la phyto-aromathérapie… Les médecines « autres », dites aussi « naturelles, alternatives, différentes »…, connaissent un succès croissant depuis plusieurs décennies ; constellation de thérapies où scintille une profusion de nouvelles pratiques de santé.
Issue de sociétés nouvellement industrialisées pour qui le bien s’est identifié à « l’avoir » plus qu’à « l’être », la médecine occidentale d’aujourd’hui a tendance à considérer la santé comme un capital, la maladie comme une perte ou un préjudice.
La médecine dominante (ou allopathique) prodigieusement portée par les progrès des autres sciences, et contribuant elle-même à l’exploration des dimensions mécaniques, chimiques, physiques et biologiques de l’être humain, a permis de faire progresser nos connaissances sur le fonctionnement et les dysfonctionnements de la machine humaine.
Mais galvanisée par ses succès, emportée par son élan, cette médecine hyper technique s’interroge sur la suite à donner à tant de découvertes : va-t-elle s’engager sur la voie des manipulations génétiques, vers la reproduction industrielle contrôlée de l’espèce, vers les technologies de substitution des divers organes vitaux, vers une meilleure maîtrise chimique de l’humeur ?
En définitive, la médecine occidentale moderne, dont la composante technique est très importante, doit une partie déterminante de son efficacité au champ d’action limité qu’elle s’est donné.
En revanche, la complexité de son langage et la lourdeur de ses armes l’ont rendue progressivement inapte à la prise en charge d’une grande variété de situations pathologiques qui représentent aujourd’hui l’immense majorité des motifs de demande d’aide médicale et de soins.
L’étonnant engouement du public français pour les médecines alternatives ou naturelles doit être, au moins en partie, compris comme la conséquence de l’inaptitude de la médecine occidentale à couvrir de manière satisfaisante certains besoins en rapport avec la souffrance, la maladie, l’infirmité et la mort.
Il faut savoir que 40 à 45% des Français se tournent vers les médecines alternatives. Ils ont fait un bon choix : dans un monde où l’on assiste à des épidémies, les huiles essentielles représentent des molécules miraculeuses face aux multiples virus qui envahissent la planète ; malheureusement on nous impose une litanie de vaccins qui altèrent notre terrain.
En France on dénombre 120.000 morts en 18 mois dues au virus. Combien y en aurait-il eu sans notre thérapie naturelle ?
Q. Comment voyez-vous l’avenir ?
Objectivement, l’égoïsme suicidaire des nations les plus puissantes l’emporte sur les rares politiques éclairées au service d’un développement plus solidaire, plus équitable, plus soucieux de l’héritage à léguer aux générations futures.
Cependant, le choix est encore possible entre deux types d’orientations planétaires.
D’une part, l’« exclusion » du système marchand dominant, qui considère la planète comme une chasse gardée pour quelques firmes transnationales et qui, selon le dogme de la croissance, mène en réalité à la faillite par la dilapidation des ressources, par une mise en péril de la biodiversité et des écosystèmes et par des méfaits sociaux en termes d’inégalité et de précarité, sources de conflits.
D’autre part, la « solidarité » pour laquelle la planète est un village où l’on reconnaît à l’autre le droit d’exister sans être exploite. Cette solidarité repose sur la tolérance, l’équité, et non l’exclusion et la domination ; la complémentarité et non la monopolisation ; la sobriété, l’économie des ressources et non leur destruction par une exploitation à outrance au mépris des générations futures.
L’opinion publique est déterminante pour que ces décisions politiques évoluent de la sorte ; encore faut-il qu’elle soit informée des enjeux. Or, la tendance médiatique prédominante est de préférer l’ « événement » à la pédagogie, de dénoncer les catastrophes plutôt que d’alerter objectivement pour les éviter.
Les choix avisés, cohérents, responsables, deviennent alors un vrai pouvoir de décision contribuant à ce que le politique soit vraiment au service du bien commun et à combler le déficit démocratique qui laisse le champ libre à la course aux profits : c’est cela aussi la démocratie participative.
Il est grand temps, en effet, que chacun se persuade que la préservation des ressources alimentaires de qualité qui nous préoccupe ici dépend aussi – et surtout – de son comportement au quotidien.
À l’heure de la grand-messe consacrée au développement durable, les plus éclairées des conventions internationales, confrontées à l’influence des lobbies et aux égoïsmes nationaux, demeureront lettres mortes si les citoyens ne se mobilisent pas pour les relayer en se persuadant que les vraies solutions, pour être efficaces, doivent passer par chacun d’entre nous.
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Première partie de mon intervention dans : « Ensemble sauvons notre planète » Livre collectif, préface de Jean Marie Pelt. Ed. Guy Trédaniel.
… A suivre