« Le scénario du pire s’éloigne, la décrue a commencé », a commenté Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique.

Avec Omicron, beaucoup plus contagieux mais deux fois moins sévère que la souche d’origine et trois fois moins que le variant Delta, 2022 débute sous un nouveau jour. Les mesures de restriction sanitaire ne fonctionnent pas ou peu face à la contagiosité du nouveau variant.

Il y a aussi des nouveautés dans la prise en charge du Covid qui devraient ébranler une partie de ces opposants. Le nouveau vaccin mis au point par l’américain Novavax et autorisé vendredi dernier utilise la technique classique du vaccin et non l’ARN messager, source de toutes les suspicions.

Le vaccin Novavax sera disponible en France fin janvier. L’arrivée de médicaments efficaces devrait aussi atténuer certaines critiques.

Les non-vaccinés qui tomberont malades se feront soigner avec le Paxlovid, qui se présente sous forme de comprimés à prendre pendant cinq jours, à la maison et non à l’hôpital. C’est un grand bond en avant pour le traitement du Covid. Les résultats sont spectaculaires, selon la presse officielle. Près d’une centaine de pays s’y intéressent déjà. On peut parier néanmoins que le débat ne sera pas totalement clos.

Les incorrigibles complotistes anti-« Big Pharma » se sentiront confortés car ce Paxlovid a été mis au point par Pfizer et devrait lui permettre d’être le premier laboratoire de l’histoire à voir son chiffre d’affaires dépasser les 100 milliards de dollars en 2022.

Un président opportuniste

Les mauvais coucheurs vont-ils continuer à l’appeler Jupiter (un peu de respect pour le chef de l’Etat). Il vient de réaliser une modeste opération portant sur 520 millions d’euros sur cinq ans. La France produira le principe actif au Paxlovid. Par ailleurs le patron de Pfizer, Albert Bourla, a complimenté nos travailleurs français. Je le laisse s’exprimer en français.

« C’est une nouvelle France qui nous a ouvert les portes, accueillante envers les investissements étrangers, notamment industriels. Les réformes menées ont rendu le pays très compétitif. De plus, le savoir-faire dans les technologies de santé y est parmi les meilleurs en Europe, avec des scientifiques de grande qualité et des travailleurs hautement qualifiés. L’implication du président Macron a fait la différence. Depuis deux ans, il a rencontré à plusieurs reprises les dirigeants de l’industrie pharmaceutique, nous répétant qu’il voulait positionner la France comme un champion de la santé ».

En espérant que c’est une première étape pour élargir nos capacités technologiques ! Rappelons que Pfizer est en passe de devenir numéro un mondial du secteur.

Omicron entre en hibernation

La cinquième vague portée par le variant Omicron marque une rupture, qui pourrait voir la pandémie de Covid se transformer en endémie, à l’image de la grippe saisonnière.

Qui aurait pu anticiper que 464 000 cas positifs au Covid-19 seraient recensés en France, soit six fois le plus haut niveau jamais atteint depuis le début de la pandémie ? C’est pourtant bel et bien la réalité en cette mi-janvier. Mais ce nombre n’augmente quasiment plus, et un pic semble atteint, ou sur le point de l’être.

Habituellement, le pic hospitalier suit d’une semaine ou deux celui des cas quotidiens mais, depuis cinq jours, le nombre d’admissions quotidiennes de patients diagnostiqués Covid-19 en soins critiques, englobant notamment les services de réanimation, diminue déjà.

Ce constat semble traduire, dans les faits, les caractéristiques d’Omicron, qui représente désormais près de 95 % des cas positifs recensés chaque jour. Avec ce variant, le risque d’aller en soins critiques est bien moins important en cas d’infection.

L’année 2021 s’était ouverte avec l’arrivée des vaccins, ouvrant l’espoir d’une sortie de l’épidémie grâce à l’atteinte de l’immunité collective et d’un retour à la normale. La majorité de la population des pays développés a reçu deux puis trois doses de vaccin.

Mais le Covid n’a pas été éradiqué. L’apparition de variants et la diminution des anticorps imposent l’injection d’une nouvelle dose tous les 4 à 6 mois : La troisième année de la pandémie marque ainsi un changement de paradigme. Le Covid ne sera pas éradiqué. L’OMS reconnaissait d’ailleurs récemment que la moitié des Européens risquaient de l’attraper dans les six à huit prochains mois.

Il ne constitue pas une parenthèse destinée à se refermer mais inaugure une nouvelle norme qui doit intégrer la présence durable du virus. Dès lors, les stratégies de lutte contre l’épidémie devront évoluer, passant d’une logique d’urgence et de circonstances exceptionnelles à un régime permanent de vigilance, qui doit être compatible avec la continuité de la vie économique, sociale et démocratique ainsi qu’avec le fonctionnement de l’État de droit.

Les stratégies d’éradication du virus, à l’image du « zéro Covid » poursuivi par la Chine, sont aujourd’hui condamnées à l’échec. Au-delà des stratégies « zéro Covid », les arsenaux de mesures sanitaires et de protocoles rigides fondés sur la généralisation des tests, du traçage et l’isolement se révèlent de plus en plus inefficaces et inadaptés. « La résistance à la vaccination ira croissant au sein de minorités activistes dans les pays développés. Nous ne devons plus rêver au monde de l’après-Covid mais construire le monde de l’avec-Covid », conclue un expert.

Le fatalisme

Par ailleurs, on sent poindre dans l’opinion une exaspération grandissante. Il y a, bien sûr, une grande lassitude après deux ans de pandémie et de contraintes.

« Même sans convaincre, la contrainte peut fonctionner : beaucoup de personnes se sont fait vacciner tout en restant réticentes, comme le montre notre dernière étude, explique Jeremy Ward, sociologue à l’Inserm. Mais le passe sanitaire était déjà un dispositif de très forte incitation. Les personnes qui n’ont pas été poussées à la vaccination par ce biais n’ont pas vraiment de raison de l’être par celui du passe vaccinal. Celles qui limitaient déjà leurs activités sont sans doute prêtes à faire ce sacrifice supplémentaire.

Mais ce n’est pas tout. Depuis son apparition, en décembre, Omicron a balayé quelques certitudes et créé un agacement supplémentaire du fait de son extrême contagiosité et de sa plus faible dangerosité

Dans ce contexte, empêcher les non-vaccinés, plus exposés aux formes graves, d’accéder à de nombreux lieux publics permettrait de limiter les risques de contamination « Il y a un vrai changement de paradigme. Le passe sanitaire visait à éviter que des non-vaccinés amènent le virus dans ces lieux. Le passe vaccinal vise plutôt à éviter que des non-vaccinés soient exposés au virus », analyse l’épidémiologiste Pascal Crépey.

Les Français s’impatientent. À quoi sert-il de se faire vacciner et de respecter les gestes barrière si, quoi qu’on fasse, les parents et les enfants finissent par se le transmettre.

Tenter d’attraper le covid

Pour éviter la 3e dose ou tomber malade à un moment qui ne les arrange pas, certaine font tout pour être contaminés le plus vite possible. Une pratique répandue, mais pas anodine, qui a coûté la vie à une chanteuse.

Le phénomène est stupéfiant. On a du mal à comprendre ces Français qui souhaitent attraper le Covid volontairement.

Cette tendance n’est pas inédite. On se souvient des « soirées Covid » au début de la pandémie. Des jeunes, persuadés que le jeu était inoffensif à leur âge, s’amusaient à s’infecter les uns les autres. L’ultra-contagiosité d’Omicron rend l’exercice encore plus « divertissant », d’autant que tous ont bien compris que ce variant est aussi moins dangereux. Vraiment ?

Comment cette mode est- elle née ? Ou infirmière scolaire, rappelle que « l’adolescence est un âge où l’on a des envies de transgression poussées, où l’on veut dépasser la règle. On n’a pas attendu Omicron pour découvrir l’école buissonnière ! »

Et ce, « d’autant que les élèves encaissent depuis deux ans le stress de la crise sanitaire et ses protocoles sans cesse changeants, ils sont à l’école cinq jours sur sept, sous pression… » Par ailleurs, souligne encore l’infirmière scolaire, « les ados savent bien, parce qu’on les abreuve de cela aux infos, que les études scientifiques montrent que le Covid-19 a des effets moins graves sur eux ».

Pour certains, avance-t-elle aussi, attraper le virus est tout simplement un gage de… sérénité dans leur cursus. « Avec un certificat de rétablissement du Covid, ils gagnent deux mois de tranquillité, libérés des obligations de tests, par exemple. En période d’examens, cela compte.»

La fin prochaine de la vague Omicron, qu’on croit déceler ici ou là, ajoute à la susceptibilité des Français. Malheureusement, les épidémiologistes viennent nous rappeler que ce virus peut être suivi de petits frères plus dangereux, plus pernicieux et qu’on ne doit pas baisser la garde trop vite.

On a tellement envie de croire Albert Bourla, le président de Pfizer, quand il promet dans « le Figaro » « qu’on va bientôt reprendre une vie normale ». On aimerait bien avoir une date.

Une litanie de remèdes inappropriés

« Hydroxychloroquine, azithromycine, colchicine, ivermectine, tocilizumab, remdesivir… Pour la plupart, leurs noms sont passés de mode. Soit-il ne sont pas efficaces, soit ils le sont à la marge, constate le professeur Frédéric Adnet, membre du conseil scientifique. On n’a jamais eu beaucoup de médicaments. » L’un d’eux est quand même resté dans l’armoire à pharmacie, la dexaméthasone, dont l’effet anti-inflammatoire réduit la mortalité de 21% à l’hôpital »

Que désigne la dexaméthasone ? C’est tout simplement la cortisone, la sempiternelle cortisone que l’on prescrit quand on ne sait pas quoi donner !

« Il en reste un qui marche.»

C’est pourquoi le regard des scientifiques se tourne vers une toute nouvelle pilule anti-Covid de Pfizer, à prendre chez soi avec un simple verre d’eau ! Avec deux comprimés à avaler au quotidien durant cinq jours, le Paxlovid, un antiviral qui bloque la circulation du virus, réduirait de 90 % les hospitalisations et les décès. « Ses résultats sont tellement excellents que les essais n’ont pas été menés jusqu’au bout, s’enthousiasme le virologue Bruno Lina, lui aussi membre du conseil scientifique.

Voilà donc l’adjectif « prometteur » à nouveau lâché par les experts. « C’est la première fois que la possibilité d’un traitement oral se dessine avec de si bons résultats », poursuit le virologue. On sait déjà qu’ils seront, sans doute, très utiles aux personnes avec des comorbidités et immunodéprimées.

Ce traitement pourra-t-il soigner également les Covid longs ? « Si leurs symptômes sont dus à un état inflammatoire, ce ne sera pas le cas ».

Mais, que je ne sache ! chaque réanimation se complique dès lors qu’il y a inflammation, ce qui est le cas systématiquement.

Mais les études en vie réelle permettront de mieux définir l’efficacité dès le moment où l’on commence le traitement ». « Au vu de la disponibilité actuelle de ce médicament, il faudra aussi définir les patients prioritaires, prévient Étienne Decroly, virologue au CNRS.

Le marathon de la recherche se poursuit « Il y a encore des centaines d’essais cliniques en cours, rappelle Frédéric Adnet. On est toujours en quête du médicament qui va vraiment s’attaquer au Covid. Le grand gagnant n’a pas encore été trouvé. L’enjeu est planétaire. »

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En dernière minute…

Une nouvelle vague de cas positifs est attendue. Cette vague sera-t-elle la dernière, comme l’envisage le ministre de la Santé, Olivier Véran ? « Rien ne nous dit à ce jour que l’immunité naturelle ou vaccinale contre Omicron soit robuste dans le temps. Et même si elle l’est, nous savons maintenant qu’un variant peut échapper de manière très prononcée à l’immunité et coloniser la planète en quelques semaines », estime Samuel Alizon, biologiste de l’évolution au CNRS. On vient d’identifier un nouveau variant d’Omicron à savoir le B.1.1.529…

Le célèbre virologue allemand Christian Drosten s’attend de son côté à une nouvelle épidémie de cas positifs cet hiver, comme il l’a indiqué au « Tagesspiegel ». Mais l’immunité acquise par la population, à la fois par la vaccination mais aussi par les infections, devrait fortement limiter le nombre de malades gravement atteints.

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Comment égayer un défilé ?

Chaque samedi après-midi, nous assistons à cette parade devenue un rituel, terme non mobilisateur, avec des messages inaudibles ou non percutants, parfois gâchée par la violence venue de l’extérieur, de quoi se lasser et déserter ce rendez-vous.

Depuis le début de la crise sanitaire, il n’est pas un jour sans que ne soient évoquer les aléas relatifs aux masques, en dehors des autres improvisations gouvernementales.

Ce masque, peu importe sa conception (il bloque toute pénétration virale) est l’élément clef de la prévention. Comment faire passer ce message ?

Pourquoi ne pas remplacer le masque par le port d’un slip pour les hommes et le string sur chaque oreille (en guise de pendentif) pour les femmes. Certes on se rapproche du carnaval, mais ce déguisement inattendu fera virevolter les photographes et les caméramen. Cette démonstration loufoque et digne d’une farce de potache et mobilisatrice. Cette saga des « calbars » fera date et atteindra la planète… plus vite que le covid.